Le Pacte Dutreil s’applique à la transmission de titres de sociétés ou d’entreprises individuelles sous certaines conditions. Il nécessite un engagement collectif de conservation des titres, suivi d’un engagement individuel pour assurer la stabilité après la transmission. De plus, les bénéficiaires doivent exercer une fonction de direction dans l’entreprise pendant une période définie. Des règles spécifiques s’appliquent également aux entreprises individuelles, notamment en termes de détention et d’exploitation.
Pour la transmission de titres de sociétés :
Le dispositif Dutreil concerne toutes les sociétés, qu’elles soient françaises ou étrangères, à condition qu’elles exercent une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale.
Les sociétés à activité mixte peuvent également en bénéficier, seulement si l’activité civile ne prédomine pas (Conseil d’État, 23 janvier 2020, n°435562).
Les holdings peuvent également être concernées, à condition d’être « animatrices ». Cela signifie qu’elles participent activement à la direction du groupe, contrôlent leurs filiales et leur fournissent des services spécifiques (article 787 B du Code général des impôts).
1. L’engagement collectif de conservation :
Pour bénéficier du régime Dutreil, un engagement collectif de conservation d’une durée minimale de deux ans est requis. Ce dernier doit être conclu entre le dirigeant de l’entreprise et ses associés et porte sur les parts ou actions de l’entreprise.
Les conditions sont les suivantes :
- Pour les sociétés non cotées : l’engagement doit concerner au moins 17 % des droits financiers et 34 % des droits de vote.
- Pour les sociétés cotées : l’engagement doit porter sur au moins 10 % des droits financiers et 20 % des droits de vote.
Cet engagement vise à garantir la stabilité de la transmission et à éviter une dispersion rapide des titres ou actions de l’entreprise après la donation ou la succession.
Depuis la loi de finances pour 2019, cet engagement peut être pris unilatéralement par un associé unique pour lui-même et ses ayants cause. Cela ouvre donc le dispositif aux sociétés unipersonnelles (EURL, EARL, SASU…).
2. L’engagement individuel :
Chacun des bénéficiaires de la transmission doit s’engager personnellement à conserver les titres reçus durant une période supplémentaire de quatre ans après la fin de l’engagement collectif. Cela permet de garantir que les titres ou actions ne seront pas cédés rapidement après la transmission, permettant ainsi de préserver la stabilité et la continuité au sein de la famille.
3. L’exercice d’une fonction de direction :
Pendant toute la durée de l’engagement collectif et pendant les trois années qui suivent la transmission, un des signataires de l’engagement collectif ou un des bénéficiaires doit exercer une fonction spécifique dans l’entreprise :
– Si la société est soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), il doit exercer une fonction de direction.
– En revanche, si la société est imposée à l’impôt sur le revenu (IR), il doit exercer son activité principale dans l’entreprise.
La Cour de cassation dans un arrêt du 24 janvier 2024 (n°22-10.413) a précisé que, même en cas d’engagement réputé acquis, la fonction de direction doit être exercée par l’un des bénéficiaires durant les trois années suivant la transmission.
Pour la transmission d’une entreprise individuelle :
Le Pacte Dutreil s’applique également aux entreprises individuelles exerçant une activité professionnelle.
Si l’entreprise a été acquise à titre onéreux, une détention minimale de deux ans est exigée.
Chaque bénéficiaire doit s’engager à conserver les biens professionnels transmis pendant quatre ans.
L’un des bénéficiaires doit s’engager à poursuivre l’exploitation de l’activité pendant une durée minimale de trois ans.